Vos
poèmes

Par les fenêtres qui éclairent
Le bureau où je suis réduit
Et par les grands panneaux de verre
De l’escalier qui m’y conduit,

La vue s’étend vers la campagne
Par-dessus les toits des maisons
Jusqu’aux coteaux et aux montagnes
Qui agrémentent l’horizon.

Dans ce paysage éclectique,
L’usine d’incinération
Dresse la verge métallique
De sa cheminée en fonction.

La fumée que sa gueule crache
M’indique avec un soin précieux,
Grâce au profil de son panache,
Quel vent tyrannise les cieux.

Si elle est penchée vers la droite
Pour filer au diable vauvert,
C’est que l’Autan fougueux convoite
Le titre de maître des airs.

Si elle monte vers le ciel
Et se déploie en éventail,
C’est qu’un calme circonstanciel,
Sur nous, a établi son bail.

Si elle s’en vient vers la ville,
C’est que de par les Pyrénées,
Un souffle d’Espagne ventile
Sa douceur à s’époumoner.

Si elle est couchée vers la gauche,
C’est l’océanique Noroît
Qui, de sa vitalité fauche
Ce qui dépasse et qu ‘il rudoie.

J’aime la voir horizontale
Aussitôt sortie de son trou,
Arasée par une rafale
Dans un impétueux courroux.

Alors gémit la moindre fente
Et tremblent les vitres battues
Et ma pensée sous la tourmente
Est emportée comme un fétu.