J’ai comme une empathie pour ces hommes de foi Qui, par amour de Dieu et intérieure flamme, Se retirent du monde en l’honneur d’une loi Qu’a reconnue un jour le tranchant de leur âme.
Et si j’étais croyant, je serais attiré Par cette vie d’ascèse organisée en règle Afin de partager dans un groupe inspiré, Les envolées du cœur comme le pain de seigle ;
Demeurer dans les murs d’un monastère ancien Où se sont succédés des théories de frères Et où chacun apporte, en un solide lien, Son parcours de douleurs et de rêves sincères ;
Travailler de ses mains pour la communauté A produire un jardin ou à mener des ruches, Regardant le désir de la propriété Comme ne recélant qu’inutiles embûches ;
Dans le sein de la nef, en un chœur cristallin, S’employer à chanter les insignes louanges Du seigneur rayonnant au vitrail corallin Dans son nimbe de gloire et sa compagnie d’anges :
Dans des livres épais, étudier la pensée Des sages qui nous ont précédés sur la terre Et qui ont tour à tour essayé de percer, De notre condition, le tragique mystère ;
Rester à contempler l’œuvre du créateur Sur la rive du fleuve où la masse compacte Des hommes aveuglés par leur soif de grandeur, File dans le courant et vers la cataracte.