Bien souvent, le dimanche, après le déjeuner, La pensée divaguant, je vais me promener, Et quelquefois mes pas, sous le soleil d’hiver Prennent la direction d’un pentu chemin vert Pour gagner un quartier silencieux et boisé Où résident des gens , au repos, disposés. Je sais les trouver là, campés dans leur retraite, Car ils n’en bougent plus, à l’instar de Colette Bien sûr en compagnie de matous paresseux Qui se jaugent l’un l’autre avec un œil vitreux… Tout près de là, Musset, semble désemparé De n’avoir pas un saule au feuillage éploré… Cependant une envie de rire me précède Quand je passe devant chez Monsieur Cyclopède Dont le venin acide envers la société N’a d’égal que son goût des mots bien ajustés… Des flèches à la craie disposées par endroits Mènent à Morrison dans son séjour étroit Où, en toute occasion, des fidèles sans gène Cultivent son attrait des hallucinogènes… Daudet est orphelin de l’accent provençal Et regrette le bruit fracassant du Mistral… Victor Noir, lui, reçoit beaucoup trop de visites Et ne profite pas de la paix qu’il mérite… Plus loin, la môme Piaf n’entends plus de vivats Mais croule sous les fleurs comme une vraie diva… Entouré de nombreux camarades, Clément Est pourtant nostalgique et parle assidument De son constant amour pour le temps des cerises… Malgré les puritains qui encor les lui brisent, Wilde assume toujours ses pendables folies… Lecram qui se complet dans la mélancolie N’est plus trop ombragé par les filles en fleur… Apollinaire aussi que la Lou de son cœur Délaisse tout autant n’a d’autre latitude Que de noyer d’Alcools sa pauvre solitude… Ma visite prend fin, je ne m’arrête pas Au dolmen de Kardec puisqu’ayant jusque là Croisé dans ces allées assez d’esprits amènes Pour me donner le cran d’affronter la semaine.