La rivière descend des montagnes d’Auvergne Et, de son premier cours, a conservé le goût, Entre ses bords où croît l’acacia et le vergne, De rouler des galets dans ses sombres remous.
Avant de rendre enfin la Garonne gironde, Elle paraisse un peu dans cette vallée-ci Dont le sol est fertile et l’histoire féconde Et le renom plus grand que la superficie.
Le gras de ses limons, aux agriculteurs, donne Du foin, du tournesol, du maïs, du tabac, Mais aussi des vergers de noyers où, l’automne, Quelquefois un troupeau cancanant d’oies s’ébat.
Les pierres des maisons qu’un vieux mortier calfate Ont une couleur chaude et mordorée de miel Et les toits sont pentus, couverts de tuiles plates Dont la patine a cuit au soleil et au gel.
Des châteaux sourcilleux, rivés sur des falaises, S’épient d’un bord à l’autre avec austérité Même si sont passées les époques mauvaises Où l’on s’entretuait, rongé de cruauté.
Le temps semble arrêté dans ce quiet paysage Bien qu’il soit accueillant aux œuvres d’aujourd’hui, On dirait que l’Histoire y a mêlé ses âges Même les plus ingrats pour trouver l’harmonie.
Pour s’en convaincre, il faut gravir un belvédère A l’heure où le soleil décline vers le soir Et regarder au loin la paisible rivière Refléter vers le ciel son sinueux miroir.