Vos
poèmes

Dans les forêts où il réside
En compagnie des sapajous,
Au sein de l’univers viride
Des ficus et des acajous,

Son élégant habit de plumes
Rehaussé de vives couleurs
Fait la concurrence aux agrumes
Et aux plus éclatantes fleurs.

Malheureusement son ramage
N’est vraiment pas à la hauteur
De cet admirable plumage
Que lui donna le créateur.

Il a une voix éraillée
Qui fait penser au bruit amer
D’une enseigne de fer rouillée
Agitée par le vent d’hiver.

Et au moyen de cet organe,
Il possède la faculté,
Mémorisant un son qu’il glane,
De grossièrement l’imiter.

Utilisant ce psittacisme,
Il est toujours quelque malin
Pour lui dicter en catéchisme
Des bribes de langage humain :

Une maxime ou une insulte,
Un lieu commun bien anodin,
Le début d’une chanson culte
Comme « tiens voilà du boudin ».

Un être habile à la parade
Mais coupable de se prêter
A une telle mascarade
N’a pas beaucoup de dignité.

Un ténor dans sa queue de pie
Trouverait-il quelque crédit
S’il massacrait une œuvre pie
Ou un grand thème de Verdi ?

Nombre d’oiseaux dans la nature
Ont un costume moins radieux
Mais jettent au vent la texture
De chants autrement mélodieux.