Dans la vie, j’ai fait ce qu’on attendait de moi, A la communauté, j’ai apporté ma pierre, J’ai fondé un foyer bourdonnant sous un toit D’où mes enfants vont fuir pour lancer leur carrière.
Mais la mienne, bientôt, touchera à sa fin, Je vais sensiblement glisser vers la vieillesse, Observer dans mon corps les progrès du déclin Et revoir tous les jours mon tonus à la baisse.
Quel genre de vieillard m’en vais-je devenir ? Un qui se laisse aller et part à la dérive Ou un qui, jusqu’au bout, refuse de subir Et demeure debout, toujours sur le qui-vive ?
J’ai, depuis mon enfance, admiré ces anciens Au visage érodé par l’âge et les épreuves Mais dont le regard franc, les gestes patriciens, Par leur sobriété et leur constance, émeuvent.
Ceux qui, malgré les maux, les trahisons du corps Et les humiliations que la vieillesse assène, S’efforcent de rester vigilants au dehors Et dignes de respect comme le grand Toursène.
Saurai-je, moi aussi, lorsque viendra le temps D’affronter cet état de dégénérescence, Garder la tête haute et l’esprit résistant Pour que l’on me regarde empreint de déférence ?
Ce sera mon dernier challenge à relever, Si nulle chausse-trape imprévue ne m’embarque, L’objectif à tenir, l’image à cultiver, Celle d’un beau vieillard qui exprime sa marque.