Croissez, multipliez, qu’ils disaient dans ce livre, Lâchez votre semence en toute liberté; Et les bougres se sont empressés de bien suivre Ces perfides conseils de prodigalité !
Partout dans les cités et les plaines fertiles, Sur tous les continents, au bout de l’horizon, Dans les quartiers d’affaire et dans les bidonvilles, Ça grouille comme de la vermine à foison !
Les guerres, les pogroms et les épidémies Ont eu beau décimer quelquefois par millions Bien des représentants de factions ennemies, L’hydre a régénéré ses membres en légions.
Ils ont colonisé le plus petit espace Du jardin d’origine et même dans les lieux Les moins hospitaliers, ont imprimé leur trace Dont on ne peut parler en termes élogieux.
Le monde est recouvert comme de termitières, De routes, de maisons, de tours, de gratte-ciel, De béton, de bitume et de laids cimetières Dont s'accroît le réseau toujours plus démentiel.
Et bientôt nous serons dix milliards sur cet astre A baffrer, à piller ses fruits en quantité; Comment imaginer sans penser au désastre Que ce frêle habitat pourra le supporter ?
Le cycle de la vie apparu sur la terre, Dans ses gènes lointains, a-t-il, qui le dessert, Un germe programmé, sournois et délétère ? L’Homme ! Sans rémission, implacable cancer !