Cher petit oiseau dont le nom Évoque l’austère chardon Car dans ta quête de rapines, Tu as l’art de fourrer le bec Au cœur de ce diadème sec Sans te blesser à ses épines,
Si d’entre tous les oiseleurs, Certains admirent les couleurs Qui enjolivent ton plumage, Beaucoup, friands de bel canto, Ont tendance à goûter plutôt Les prouesses de ton ramage.
Et pour assouvir leur passion, Sous prétexte de tradition, Ces vilains drôles légalisent Le fait de te mettre en prison Afin d’égayer leur maison Et savourer tes vocalises.
Mais on ne les y prendra plus, Ce temps cruel est révolu, Banni, voué aux gémonies, Et ce n’est plus que sur CD Qu’ils peuvent désormais garder En détention tes mélodies.
Comment vont faire ces machos De tes airs, aficionados Pour manifester leur tendresse ? Devront-ils, comble d’embarras, Bientôt rechercher dans les bras D’une fille la douce ivresse ?
Car dans ton habit bariolé, Avec ton timbre acidulé, Tu es un genre de sésame Qui ouvre les plus frustres cœurs, en chasse les tristes rancœurs Et y entretient une flamme !
Tous tes amoureux patentés Qui forment des communautés Où la parole se libère Ne sont aucunement suppôts Du Diable et tiennent des propos Que le pacifisme pondère.
Et dans le monde levantin Où le symbole du jardin Fortement présent émerveille - Idée du paradis ancien - Toi, tu es l’ange musicien Qui charme l’esprit par l’oreille !