Qui n'a trouvé sur une plage Un anonyme coquillage Et n'a sitôt été séduit Par l'étrangeté de sa forme, Le jeu de ses couleurs hors norme Qui dans le soleil blond reluit ?
Il en est de multiples sortes Dont les innombrables cohortes Font preuve de diversité, Des qui montrent leur flanc d'opale, Des qui s'enroulent en spirale Pour cacher leur intimité.
Des qui présentent des échines Hérissées d'un faisceau d'épines Pour éloigner les prédateurs, D'autres qui dans leur ADN ont l'éclat de la porcelaine Pour un panel d'admirateurs.
Il en est de petites tailles Qui doivent livrer des batailles Pour exister discrètement Et d'autres, de vrais mastodontes Qui sans complexe se confrontent Au monde souverainement.
L'auteur de cette architecture, Aussi trouble soit sa nature, Est pourtant un être de chair Qui vit et meurt sur la planète Et dont le dur exosquelette Demeure alors vide au grand air.
Le poète est tel ce mollusque Qui façonne sans qu'on le brusque Une coque, sa vie durant Et lorsque le trépas le gagne, abandonne en rase campagne Ce morceau de lui encombrant.
Mais son oeuvre n'est pas de nacre, Et bien que seul il y consacre Des flux d'énergie maximaux, C'est une honnête initiative Qui a pour ciment la salive Et comme matière les mots.
Le promeneur qui le découvre Par hasard et qui alors s'ouvre A ce témoignage restant, A cette concrétion étrange, A cet original mélange Peut s'en émouvoir un instant.