Dieu ne serait-il pas un docteur Frankenstein Animé des meilleurs sentiments qu’il se puisse Mais dont la créature au profil incertain Echappe à son contrôle et vers le mal dévisse ?
Il avait pourtant bien peaufiné son projet, Il s’était entraîné sur toutes les bestioles Et avait savamment équipé le sujet D’un cerveau performant et d’outils sans babioles.
Mais voici que le monstre aussitôt éveillé S’était montré méchant comme une hydre à cent têtes Dont le moindre encéphale est toujours tiraillé Par le désir de mordre à la joue qui s’y prête.
Sa belle intelligence, il l’a mise à profit Pour créer les pogroms, les machines de guerre, Les OPA musclées et l’amour à crédit, Et dûment saloper le jardin de son père.
Devant ces procédés de barbare accompli, Dieu avait sermonné souvent le misérable, Mais désormais muet et tombé dans l’oubli, Il semble qu’il soit mort d’un chagrin lamentable.
On imagine que, privée de géniteur, Ne pouvant plus dès lors, de sa haine, poursuivre Ce pauvre et maladroit mais divin créateur, La créature n’a plus de raison de vivre.