On peut le dire et insister Pour l’avoir souvent constaté, L’animal n’est si admirable Qu’observé à l’état réel Dans son élément naturel Sans une entrave sur le râble.
Toutes les parties de son corps Sont les composants d’un décor Pour un ballet tout en finesse, Un spectacle rempli d’action, De dramaturgie, d’émotion, De force mêlée de souplesse.
Souvent, un bonhomme avisé Rêve pourtant d’apprivoiser Certaine belle sauvageonne, D’influer son comportement, La circonscrire gentiment Jusqu’à ce qu’il la subordonne.
D’autres font même le pari, Et c’est leur loisir favori, De la dresser avec patience Pour publiquement la montrer Dans un numéro calibré Qui enthousiasme l’assistance.
Il faut reconnaître à certains, Ce qui peut les rendre hautains, Un fameux talent pour la chose, Un cornacage connivent Mené sur un rythme vivant, Un savoir-faire virtuose.
J’avoue à mon corps défendant Etre moi-même prétendant A ce rodéo difficile, Ce, pour pouvoir discipliner Son libre caractère inné Mais elle n’est pas très docile.
Lorsque je crois avoir dissous La gêne installée entre nous, Souvent, elle me fait injure En refusant de m’obéir Et de répondre à mon désir De canaliser sa nature.
La voilà qui se rit de moi Et remet en cause ma foi En sa chère beauté de braise ; C’est compliqué, décidément De se rendre journellement Maître de la langue française.