Fils du soleil et de la pierre, Très vieil habitant de la terre, Toi qui n'as pas souci du temps, Tu l'emploies en longues postures Où pas un fragment ne murmure De ta carcasse de mutant.
Mais un sursaut de diligence Te fais détaler en urgence, Hystériquement agité, Comme un lutin plein de manières, Que dans les contes populaires, Tu es censé représenter.
Un sillon de poussière rêche Et un froissement d'herbe sèche: Te voilà sitôt disparu Dans une steppe de chardons, De fenouil et de fanaison, Ton territoire reconnu.
Des hommes doués de raison, Paysans dignes de ce nom, Ont dressé nombre de murettes Où un dédale d'interstices Te fournit un logis propice A la moindre de tes retraites.
Tu cohabites plutôt bien Avec la race des sapiens Puisqu'ils te qualifient d'utile Et qu'ils se distraient avec toi Même si ta queue quelquefois Fais les frais de leurs jeux stériles.
Tu as le sang froid du serpent, L'écaille de tes ascendants, Terribles géants du passé, Mais ton format lilliputien Te fait le plus gentil saurien Qui soit, sur la terre, placé.
Tes fines articulations, Tes doigts doués de préhension, Petite horlogerie superbe, Emerveillent bien des enfants, Qu'ils soient rêveurs impénitents, Ou naturalistes en herbe.
Et moi qui ai à mon actif Une âme de contemplatif, Je fête ici sans prétention Le farfadet des animaux Par la mécanique des mots, Autre sujet d'admiration.