Vos
poèmes

Il est toutes sortes de livres,
Des manuels aux documents,
De ceux qui aident à mieux vivre
Comme un précieux médicament,

Les atlas et leurs larges planches,
Les beaux albums d’illustrations,
Les reliés dorés sur tranche
Des luxueuses éditions.

Celui dont je suis le plus proche
Ne prétend pas à tant d’honneur,
Il est humble, tient dans la poche
Et n’a pas beaucoup de valeur.

On peut l’avoir pour quelques pièces
Dans une boutique en passant
Mais cette populaire espèce
A des atouts intéressants.

On peut le surligner sans honte,
Le crayonner de notations,
De ses bons mots marquer le compte
Sans souci de déprédation.

Couvert d’une feuille plastique
Comme un marin de son caban,
C’est un baroudeur authentique
Qui ne craint pas le mauvais temps.

Il se glisse dans la valise,
La malle du globe-trotteur,
Entre la veste et la chemise
Ou dans le sac du randonneur.

Que l’on soit en villégiature
Ou dans le métro quotidien,
A l’arrière d’une voiture
Comme dans le transsibérien,

Il suffit pour qu’il réconforte
De l’ouvrir d’un geste anodin
Afin que sa magie en sorte
Comme la lampe d’Aladin.

Dieu garde que je m’embourgeoise
Dans les lectures de salon
Sans plus que mes pages pavoisent
Au grand souffle de l’aquilon.

Aux volumes de la Pléiade,
Dans leurs vitrines, confinés,
Je préfère encor les sans-grade,
D’un long usage, patinés.