Mes géniteurs m’ont dit : on n’est pas des milords, Nous n’avons amassé tout au long de notre âge Pas de biens transcendants ni de sacs remplis d’or Mais on va te laisser le Lot en héritage.
Tu n’y manqueras pas de chemins onduleux A suivre librement pour arpenter le causse Parmi les buis épars et les chênes noueux Afin que ton esprit, de ses maux, se défausse.
Avec une nature amène, communiant, Tu y découvriras peut-être une cazelle, Cet abri de fortune en pierres sans liant Où le berger médite et la brebis agnelle.
Les drailles, mieux qu’à Rome amènent vers des bourgs, Assemblées de maisons aux toits de tuiles plates Tannées par le soleil et la ronde des jours Dans un assortiment cuivré de couleurs mates.
De Lalbenque à Martel, de Figeac à Gourdon, Coule-toi dans le cœur de cités provinciales Où, depuis le clocher, le rythmique bourdon Egaye le marché qui déborde des halles.
Le Lot sans se presser, déroule son vélin Et serpente entre champs et parois de calcaire, Ruban vert que parfois la chaussée d’un moulin Biseaute d’un trait blanc d’écume lapidaire.
Sur ses rives, choisis sans débourser beaucoup Une auberge affichant des mets de la campagne, Le navarin d’agneau, le pain, le cabécou Que le vin de Cahors joliment accompagne.
Puis va te reposer sous les grands peupliers Dont les feuilles souvent frissonnent sous la brise Et, près du cours d’eau où ils sont domiciliés, Baigne-toi de la paix qui s’élève et te grise.