Hier, j’étais fringant, on m’appelait jeune homme, Le cœur léger, heureux, j’allais en sifflotant, Emboîtant de mon pas fraîchement autonome Le chemin de la vie en prenant tout mon temps.
Mais grisé par le vent musqué de l’aventure, L’attrait mirobolant de pimpantes amours Et la diversité de la belle nature, Je me suis égaré dans la forêt des jours.
Ce qui m’était donné naguère en abondance - Le temps – m’avait soudain filé entre les doigts Et voici que j’étais cerné dans mon errance D'un environnement inquiétant, aux abois.
Mais avant d’avoir pu m’agonir d’anathèmes Pour cette chausse-trappe où je m’étais jeté, Je pensai que j’avais jalonné de poèmes Comme autant de cailloux le parcours emprunté.
Car tout en avançant, le front dans les nuages Et l’esprit envahi de rêves amassés, J’avais su égrener ces précieux témoignages De mes peines, émois et sentiments passés.
Et tandis que certains tristement ratiocinent Sur la déroute qui avec l’âge intervient, Je puis à tout moment retrouver mes racines Et par des raccourcis, retourner d’où je viens.