Ce m’est un référent que d’entendre au réveil Tous les jours la rumeur de la mer sur la grève Lorsque, vers l’horizon irradiant, le soleil Mets fin en se levant à la nocturne trêve.
Alors je prends ma planche et près du littoral, J’observe longuement la forme de la vague En fonction de la houle et du vent arbitral Contre lequel souvent l’oiseau marin divague.
J’ai connu le frisson de passer en glissant Dans le creux du rouleau dont la lèvre se ferme Et celui de filer, porté par le puissant Assaut de l’océan qui rumine à son terme.
Mais pour cela, combien j’ai subi de bouillons, Combien j’ai dû manger d’amères déferlantes Sans quelquefois savoir, incapable couillon, Seulement me dresser sur mes jambes tremblantes.
Bien souvent, le matin, au moment d’affronter Les pièges du ressac, je me sens un novice, Ayant tout oublié de ma technicité, Avant de pénétrer la solennelle lice.
Mais tel est mon destin de toujours replonger, De faire le canard dans l’écumante soupe Avec le fol espoir d’un retour prolongé Sur la muraille d’eau qui mugit à ma poupe.
Comme le paysan ou l’artisan lambda, Je dois me coltiner une matière brute Afin d’en extirper, à force de tracas, Le rêve qui me tient, gagné de haute lutte.
Comme eux, journellement, en soumettant mon corps, Je répète sans fin des gestes méthodiques Forgés par l’habitude et des années d’effort Pour connaître parfois quelques instants magiques.