Quelle étrange impression quand, vers les soirs mystiques, Le vent secoue les murs de la grande maison Et vient souffler en moi, de son chant héroïque, Un air de liberté ,dans un ample frisson!
Ce brusque assaillement, c'est un besoin d'ailleurs, Irrésistible appel vers de larges espaces Où ne plus redouter l’intrusion de la peur Et planer dans les cieux comme les grands rapaces.
Alors, oubliant tout, je me livre en entier Au délice enivrant de ce mâle voyage Qui suit malignement de propices sentiers Où des tempêtes font l’article de leur rage.
Et l'enfant que j'étais tend à se réveiller, Je me revois naguère envoûté par un charme, Blotti dans quelque coin, tout à m'émerveiller De la plainte du vent qui me tirait des larmes.
Et je pars comme avant à l'assaut des récifs, Dévoré d'inconnu tel le grand Pythéas Bravant mille périls à bord de son esquif Et lisant dans le ciel la route de la glace.
Ou, affranchi du temps, je suis un troubadour Et je cours les chemins pierreux du moyen-âge, De villes en châteaux, de théâtres en cours, Offrant à qui le veut mon délectant message.
Dans des blés croustillants ou des feuillages verts, Je me couche, comblé par une paix secrète Et je goûte le vent de tous mes sens ouverts, Cherchant l'inspiration, cette saine conquête.