Une nouvelle fois, ses pas l'ont ramené Sur la carcasse nue du désert émouvant Où tant de décennies l'ont vu se démener Constamment pour l'étude en chevalier servant.
Durant sa longue vie, ses yeux observateurs Ne se sont pas lassés d'établir l'inventaire Des multiples beautés dont le monde est porteur, Ses rouages secrets et ses profonds mystères.
Ils ont puisé, ses yeux, avec félicité Aux aspects que la vie conjugue à l'infini, Séduits par les vertus de la diversité, Motif d'admiration et source d'harmonie.
Ils ont répertorié, d'une égale passion, Les us des animaux, la malice des plantes, Et les massifs pétrés que la lente érosion S'emploie à ciseler de formes étonnantes.
Ils se sont enivrés des tons immodérés Qu'aux approches du soir peut proposer le ciel Et au fond du regard des hommes rencontrés, Ont cherché dans leur coeur un accueil fraternel.
Mais usés par les mots de tant de livres lus, Par l'éclat lancinant des africaines steppes Et les verres de loupe où tant il s'est complu, Ses boulimiques yeux se sont voilés d'un crêpe.
Aujourd'hui ce n'est plus qu'au contact aguerri Des pierres sous ses pieds, du vent sur son visage Et au parfum discret d'un mimosa fleuri Qu'il peut appréhender l'austère paysage.
Mais il retrouve là l'émotion d'un coeur vert Prompt à s'enthousiasmer pour de beaux sentiments Et, bien encré en lui, ce qu'il doit au désert Comme règles de vie et comme enseignements...