Vos
poèmes

Bien qu’anonyme musicien
De l’orchestre philharmonique
Qui se produit avec maintien,
J’en sais un bout sur la musique.

Mais dans la salle de concert,
Si au violoncelle, on me voit,
D’un autre instrument je me sers
Dans l’intimité de mon toit.

Lorsque je regagne le soir
Le foyer tenu par ma femme,
Je n’ai guère envie de surseoir
A l’exercice de mes gammes.

Ses formes sont des mieux tournées,
Son toucher d’un plaisir extrême,
Sa peau si joliment tannée
Que nulle part j’en ai vu même.

J’ai hâte de la déhousser
De la parure qui l’habille
Et lentement ma main passer
De la tête jusqu’aux chevilles.

Prélude à notre corps à corps
Passionnément irréversible,
Je plaque mes premiers accords
Le long de sa corde sensible.

La tenant penchée dans mes bras
Suivant la bonne inclinaison,
J’ai promptement trouvé le la
Qui nous unit au diapason.

Pour dénouer mes doigts hardis,
Je tente une improvisation,
Enchaînant les pizzicati
Dans une vive progression.

Il ne me faut pas un moment
Pour découvrir le bon tempo
Qui colle à son tempérament
Et entamer notre allegro.

De mon archet, les frottements,
Lui arrachent des trémolos
Qui s’enflent dans un mouvement
Allant doucement crescendo.

Dommage pour le violoncelle,
L’objet de ma mélomanie
Est définitivement celle
Qui m’apporte ainsi l’harmonie.

Dans les rangs de ma formation,
Qu’importe si de moi on glose,
Pour jouer cette partition,
Je suis vraiment un virtuose.