Vos
poèmes

Tandis qu’en Europe la neige
Ne fait chanter que les corbeaux
Et, de son froid linceul, abrège
La vie de nombreux passereaux,

Des migrants se la coulent douce
Au Burkina ou au Mali
Dispersés au fond de la brousse
A la recherche de brûlis.

Foin de pompeuses bacchanales,
Ils savent s’offrir des banquets
De protéines animales
Fournies par lézards et criquets.

D’autres, à l’abri de la dèche,
Passent un confortable hiver
En grosses campagnes de pêche
Dans les marigots du Niger.

Mais dès que le printemps annonce
Son proche retour endiablé,
Les cigognes sous la semonce,
Commencent à se rassembler.

Sourdes à toutes les prières
Des vénérables marabouts,
Sans aucun souci des frontières,
Elles s’en vont mettre les bouts.

De cette terre musulmane,
Elles s’envolent sans tarder
Pour la meseta castillane
Dans un voyage débridé.

Sur un clocher de Salamanque
Ou d’un village préservé,
Il y a un nid qui leur manque
Et qu’elles veulent retrouver.

Puis à l’automne, bille en tête,
Avec leurs petits pour tout bien,
Elles referont la navette
Vers l’horizon subsaharien.

Messieurs les hommes, la cigogne
Vous montre la voie à risquer :
Tisser une union sans vergogne
Entre l’Eglise et la Mosquée.