Dans le cercle fermé d’une soirée mondaine, Je fus un certain jour prié de me trouver Et ne pus assez tôt donner d’excuse urbaine Pour pouvoir échapper à l’ingrate corvée.
Des grappes de parleurs discouraient avec verve De théâtre d’avant-garde et d’économie, De placements d’argent, d’intérêts sous réserve, De séjours à Dubaï ou en Californie.
L’âme en peine, esseulé, j’errais de groupe en groupe, Tendant ici l’oreille, et là un œil distrait, Semblant présent avec à la main une coupe De champagne frappé mais pourtant en retrait.
J’avais bien remarqué une fille languide Qui allait au hasard d’un air indifférent Mais elle était trop belle et moi bien trop timide Pour pouvoir l’aborder sans être transparent.
L’âme en peine, au milieu de ce panier de crabes, Je me lamentais quand on entendit soudain S’élever les accents d’une musique arabe Qui retint l’attention du parterre gandin.
Lors, l’assistance fut entièrement acquise En voyant, médusée, que la jeune beauté, Juchée sur une table, entamait un strip-tease Parmi les petits fours et les toasts piquetés.
Elle ne semblait pas avoir trop de pratique Mais ne ménageait pas de louables efforts Et, par le jeu soigné d’une geste érotique, Ne nous épargna rien des charmes de son corps.
Son numéro fini, tournant ses belles fesses, Elle disparut vite à nos muets regards Et j’enviai un peu l’étonnante drolesse D’avoir cloué le bec à tous ces snobinards.