De quelque extrémité qu’on tourne le problème Et que l’on soit tenant de la forme ou du fond, S’attabler un moment pour écrire un poème Revient à commencer une course de fond.
Il faut d’abord œuvrer à vaincre sa paresse, Considérer de haut son médiocre confort Et pour le bien fondé de se botter les fesses, Rallier son panache aux vertus de l’effort.
Les premières foulées sont lourdes et pataudes, Pitoyables aussi les premiers mots jetés, Les muscles engourdis, comme l’esprit, renaudent A travailler par simple et pure gratuité.
Sans laisser s’immiscer la peur de la distance Non plus que l’impatience à vouloir déboucher, Il faut redécouvrir l’idéale cadence, Le tempo qui préside aux belles chevauchées.
Car lorsqu’on a trouvé le vénérable rythme, On s’étonne toujours de si bien avancer Et d’aisément jongler avec les algorithmes De cette discipline où l’on veut se placer.
On est surpris bientôt de voir poindre le terme D’une équipée partie si laborieusement Et combien satisfait de s’être montré ferme A l’heure de se mettre encore en mouvement.
Dans le monde envahi de laideur et de vice Et de miasmes malsains que l’on a contractés, On sort régénéré d’un pareil exercice Et d’avoir derechef vaincu l’oisiveté.