Si un amour brisé a cabossé ton cœur Et lui a fait connaître un chemin de souffrance, Ne va pas concevoir pour autant de rancœur Contre l’objet vers où allait ta préférence.
Ne vient pas me parler de sa grande beauté, Nombreux sont les témoins qui n’y ont pas pris garde, Un artiste fameux l’a par ailleurs noté : La beauté est dans l’œil de celui qui regarde.
Essaie d’imaginer ses traits si estimés Que tes baisers naguère inondaient de tendresse, Ses lèvres de velours et sa peau parfumée Bientôt parcheminés au joug de la vieillesse ;
Alors que désormais ton sentiment ailé, Fauché dans sa jeunesse et sa force vitale, Restera à jamais pur et immaculé Et dans ton souvenir, d’une splendeur égale.
Cesse donc de fixer une ombre qui s’enfuit, Cet amour merveilleux vient de toi et non d’elle ; Tu en es l’artisan et te voilà instruit Des ressources cachées que ta tripe recelle.
D’une marque au fer rouge, ainsi tu grandiras, Pour une autre naissance, elle t’aura servi ; Comme une fleur séchée, lors tu la glisseras Dans les pages tournées du livre de ta vie.