Derrière les murs blancs des maisons andalouses Se tiennent les patios, recueillis et secrets, Que des grilles vitrées et des portes jalouses Préservent du regard des passants indiscrets.
C'est un puits de lumière au coeur de la demeure, Un jardin intérieur, un salon ajouré, Où des azulejos baignent les chaudes heures Et qui n'a pour plafond que le ciel azuré.
Un point d'eau bien souvent y est aménagé Qui, de cet élément, montre la préséance, Une fontaine qui murmure son augée Ou un petit bassin carrelé de faïence.
On y trouve aussi bien des objets singuliers: Des amphores ventrues et des nattes épaisses, Un banc, une statue posée sur un pilier Ou des ferronneries de la plus fine espèce.
Le jasmin y distille un léger décorum, Le doux mandarinier, l'ombre de sa tonnelle, Dans des pots vernissés fleurissent des arums Et sur un espalier, des rosiers pimprenelles.
Tout ce raffinement traduit un art de vivre Hérité en droit fil des anciens grenadins, Les mahométans qui, dans leur chevauché ivre, Ont porté jusqu'ici le culte du jardin.