Où es-tu, beau marin, parti à l’aventure Depuis que nous voici sans nouvelle de toi Contraints de présenter une pâle figure En nous remémorant les fables d’autrefois ?
Tenant de ton enfance et ta mère gitane Un goût pour le mystère assez immodéré, En voulant l’assouvir, t’es-tu dans les arcanes D’une vieille légende à nouveau égaré ?
Sur ton yawl, arpentant quelque mer tropicale, Recherches-tu toujours le continent perdu D’après les notations d’une carte ancestrale Qu’un discret antiquaire, à prix d’or, t’a vendue ?
Sous le charme innocent d’un bijou romantique, Savoures-tu l’attrait d’un séjour casanier Tout comme au temps passé, la Calypso mythique Retint en son pouvoir Ulysse prisonnier ?
Ou mènes-tu par contre une vie trépidante, Sautant pour voyager d’un train dans un avion Ou d’une automobile oblongue et rutilante Au dos d’un méhari dans le feu de l’action ?
Séduit par les devoirs d’une exigeante cause, Serais-tu embringué dans quelque guérilla Dont les belligérants ne sont pas autre chose Sans doute qu’un panel de nobles galapiats ?
Certains de tes amis sont peu recommandables Qui ont sur la conscience un triste palmarès Et pourraient sous le coup d’une ire incontrôlable Malencontreusement t’envoyer ad patres.
De plus comme tu es quand même un personnage Fait d’encre et de papier, je sais des malandrins Qui pourraient dire que tu n’es plus à la page Et te mettre au pilon ; fais gaffe à toi, marin !