Vos
poèmes

En février, les jours rallongent
Et, désormais s’impatientant,
Beaucoup d’âmes en peines songent
A l’avènement du printemps.

Cependant, le ciel, de grisaille,
Inlassablement surchargé,
Ne laisse pas la moindre faille
Au soleil pour se propager.

Comment l’oignon de la jonquille
Sait-il qu’est revenue son heure
De sous la terre qu’il fendille
Pour revivre dans une fleur ?

Quel instinct magnifique prône
Au mimosa de se grimer
D’un poudroiement de flocons jaunes
Qui va bientôt nous embaumer ?

Sous le pli de quelles alertes
Les branchettes du seringa
Perlent-elles de pousses vertes,
Projet d’un floral agrégat ?

A quel frémissement, sujettes,
Au milieu de l’herbe qui croît,
Violettes et paquerettes
Se déploient-elles dans le froid ?

Insensible aux rumeurs du monde
Et à l’humaine condition,
La Nature poursuit sa ronde
Et lance sa résurection.

Mais trop occupés à la guerre
Et aux travaux de destruction
Ou à répendre la misère
Du fait de leur spéculation,

Les hommes n’ont, pour ce miracle,
Pas de regard émerveillé
Et n’écoutent pas cet oracle
Destiné à les aiguiller

Sur le chemin de la sagesse
A la recherche du bonheur
Sous la condition qu’ils délaissent
Leurs tristes rêves de grandeur.