Vos
poèmes

En hommage à JMG Le Clézio

C’est un atoll sans renommée
Perdu dans l’océan Indien
Dont peu de marins confirmés
Peuvent donner le méridien.

Sur les quelques îlots déserts
Ne réside qu’un effectif
De chamailleurs oiseaux de mer
Et de crabes vindicatifs.

Des hommes qui, au vent, cheminent
Viennent parfois y séjourner
Pour pêcher des tortues marines
Qu’ils s’occupent à boucaner.

Sur le lagon, l’eau est si claire,
Que leur pirogue profilée,
Dans une avalanche solaire,
Semble, au-dessus des fonds, voler.

Des oursins et des coquillages,
Des algues mauves, des coraux,
Dans l’opulence, s’y partagent
L’orgueil des coloris floraux.

Des cordonniers, des capitaines,
Des vieilles, des gueules pavées,
Des dames berri par vingtaines
Peuplent ce milieu préservé.

Poissons d’argent d’une eau turquoise,
Zébrés d’orange ou bleus d’acier,
Dans leur territoire aussi croise
Parfois un squale carnassier.

La nuit, dans la céleste voûte
Criblée de mondes sidéraux,
La Croix du Sud montre la route
Au brasillant Navire Argo.

Un silence mystique hante
L’entour, dont rien ne rompt le bail
Sinon la mer qui se lamente
Sur la barrière de corail.

Lorsque les étoiles s ‘éteignent,
Que pâlit l’orient azuré,
L’aube naissante alors se baigne
Au sein d’une conque nacrée.

Et l’espace d’une seconde,
On songe à mourir en ce lieu
Où, comme aux premiers jours du monde,
Tout est neuf et miraculeux.