Cette vieille cité plusieurs fois millénaire Qui paraît décatie et valétudinaire, Qui a caché jadis les tables de la loi, Se trouve au croisement de trois courants de foi.
Tout en déambulant d'une ruelle à l'autre En se représentant dans les pas d'un apôtre, On peut y ressentir de proches émotions Devant le colossal Mur des Lamentations Ou la lumière d'or qui le soir incendie Le Dôme du Rocher et au ciel irradie Ou la sérénité qui semble envelopper L'Église du Sépulcre et, digne, la draper.
On peut, tout en marchant sans but et sans emphase Se voir le passager d'une fable ashkénaze Et le moment suivant quelques mètres plus loin Se trouver emporté dans un conte bédouin. En parcourant des yeux ses multiples façades Qui d'échoppe en bazar déploient leurs enfilades, On sent intimement la révolte pointer Contre ce qui pourrait nuire à leur majesté.
Se devant d'assumer par tiraillée contrainte Ses désirs d'odalisque et son statut de Sainte, Elle voit désormais la haine submerger Le cœur de ses enfants et toujours le ronger.
Temple sacré, arène, égérie, concubine, Mont divin ou ghetto, en elle se combine Un faisceau de passions qui vient la déchirer; Elle aimerait plutôt les poètes inspirer Et ne plus sacrifier ses vénérables charmes à l'offrande du sang et au fracas des armes.