Sur la trace d’Angelo
Je fis l’été dernier quelque vagabondage
En Italie, avec pour livre de voyage
« Le bonheur fou » signé du manosquin Giono
Où l’on peut retrouver le hussard Angelo.
Mil-huit-cent quarante-huit, l’Histoire s’accélère,
Du Risorgimento, c’est la première pierre ;
Notre héros quittant son Piémont et Turin,
Plein de fougue et d’espoir, se jette dans le bain.
La piazza San Carlo expose ses façades
Et les rues quadrillées, leur succession d’arcades
Où lorsque vient la nuit, pour des sbires zélés,
Il n’est pas malaisé de se dissimuler.
Mais je garde l’œil sur mon objectif multiple
Et par l’autostrada, continue mon périple
Vers Milan où après des marches, des galops
Et un duel au sabre, apparaît Angelo.
En pleine insurrection, la ville sent la poudre,
Car avec l’autrichien, il est temps d’en découdre ;
Le vacarme aujourd’hui ne vient plus du canon
Mais des moteurs fumants et des coups de klaxon.
A Bergame où il passe à vive allure ensuite,
Je m’attarde à flâner car la beauté m’invite
Dans les rues qui sinuent au milieu des jardins
Dont les clos reposants font d’heureux citadins.
Le voyage à nouveau scinde notre binôme,
Lui part vers la Brenta, moi pour le lac de Côme
Où, entre autres, je veux, amateur de vélo,
Faire un pèlerinage au col de Ghisallo.
Je sais en arrivant vers Vérone et Mantoue,
Qu’ici, dans mon roman, une guerre se joue
Et le hussard se trouve y engager son sort,
Ayant tourné le lac de Garde par le nord.
- La carte avec laquelle, appliqué, je m’oriente
Me sert à baliser aussi sa course errante -
Mais déjà nos chemins doivent se séparer
Car on le voit, après la bataille, rentrer
A Turin, affronter le destin qui le gagne
Tandis que je descends vers l’Emilie-Romagne.
Je vais continuer, promeneur, de goûter
Les charmes du pays et sa belle unité
Pour laquelle Angelo fit œuvre de hardiesse
Avec un bonheur fou, digne de sa noblesse.