La musique parfois m’emporte sur ses ailes Pour me faire connaitre un transport émouvant Comme le jars suivant le vol des oies rebelles Fit de Nils Holgersson un passager du vent.
Chevauchant cette libre et fougueuse monture, Affranchi de mon corps, je me laisse griser Et appareille pour une folle aventure Qui a la faculté de me dépayser.
Etrange vocation, certaines mélodies Ont le don de happer mon esprit cartésien De son terrestre ancrage et leurs palinodies Le font évoluer dans un monde aérien.
Il plane sur les rocs dentelés des montagnes, La houle des moissons et l’écume des mers, Les forêts, les étangs, les herbes et les fagnes, Les routes qui s’en vont à l’assaut des déserts.
Il survole aussi bien des villes insoumises Vernissées de pavés, de toits et de rumeurs Où des êtres groupés dans les nefs des églises Et les bars surchauffés alimentent des chœurs.
Les cordes frictionnées, pincées, grattées, frappées Entreprennent mon âme et la font résonner De frissons délicats, de sensations huppées Dont elle est toujours prompte à s’approvisionner.
Les flûtes, les hautbois, les cors, les clarinettes, De leur mentor Eole, appliquent les leçons Et en se répondant l’un, l’autre, se permettent De me charmer avec la beauté de leurs sons.
Les caisses, les tambours, maîtres de la cadence, Qui font battre du pied et taper dans les mains, Sont prompts à m’entrainer dans l’immortelle transe Qui saisissait déjà mes ancêtres lointains.
Je suis reconnaissant au musicien habile De l’improvisateur au grand compositeur Qui, en travaillant ce matériau volatile, Par sa magie me fait vivre en apesanteur.