Thalès
Il avait, à Gizeh, mesuré, nous dit-on,
La hauteur de la grande et vieille pyramide
Avec la corde à nœuds, un modeste bâton
Et l’aide du soleil, dans son azur splendide.
Les collégiens, depuis, lui doivent de savoir
Qu’un segment parallèle au côté d’un triangle,
Crée un autre triangle ayant – comme on peut voir –
Les mêmes proportions et d’identiques angles.
Ceux que la faim, la peur, ne préoccupent pas
Et qui ont une école, apprennent à construire
Des figures avec la règle et le compas,
Découvrant le plaisir de comprendre et s’instruire.
Enfants d’hier, de demain, d’Argentine ou d’Istrie,
Ils ont tous en commun l’universel langage
Que professent les lois de la géométrie
Où l’élève curieux, résolument, s’engage.
Et si leur enseignant n’est pas du genre obtus,
Il saura leur montrer que les mathématiques,
Sans être réservées à un esprit pointu,
Peuvent solutionner des problèmes pratiques.
Tout ce progrès, depuis deux mille six cents ans,
Qui gagne chaque jour de nouveaux prosélytes,
Est le fait de savants, de sages artisans,
De Thalès de Milet et de ses acolytes.
Une servante, un jour, s’était moqué de lui
Parce qu’en observant, au firmament, les astres,
Il n’avait pas pris garde à la bouche d’un puits
Où il était tombé, sans conséquent désastre.
Elle ne voyait pas, sotte, qu’au fond du puits,
Elle-même y était, de par son ignorance,
Et que, pour en sortir, il lui fallait l’appui
Que l’homme réfléchi, autour de lui, dispense.