Vos
poèmes

Tu as beau inonder la maison de ton rire,
Cataracte de joie,
Je sens bien qu’au dehors l’agitation t’attire,
Tu t’éloignes de moi.

Des futilités que le monde peut produire,
Avec regret, je vois
Que plus d’une souvent te séduit et t’inspire,
Tu t’éloignes de moi.

Les balades à pied, l’enchantement de lire,
Miennes sources d’émoi,
Ne t’intéressent pas – pis ! - provoquent ton ire,
Tu t’éloignes de moi.

Les leçons, les conseils dont je voudrais t’instruire
T’indiffèrent parfois,
D’un pauvre enseignement, tu sembles te suffire,
Tu t’éloignes de moi.

Du cocon familial, lorsque tu te retires
Sans flagrant désarroi,
Tu as un naturel et un cran que j’admire,
Tu t’éloignes de moi.

Ô ! comme je pourrais aisément les maudire
Ces étrangers sans foi
Qui, de ma protection, peu à peu te soutirent,
Qui t’éloignent de moi.

Et ce n’est qu’un début, car je m’attends au pire
Lorsque viendra pour toi
L’âge où, de ses parents, l’avis est à proscrire,
Tu seras loin de moi.

Ô ! de combien d’ennuis et de cruels martyres
Serai-je encor la proie
Avant que renouant notre lien à construire,
Tu reviennes vers moi ?