Si vous pouviez un jour, ô ! puants journalistes, Décider de fermer votre infernal caquet, Et ne plus inonder pour de vils intérêts L’écran ou les journaux de propos fatalistes.
Faits pour nous informer vous vous battez pour vendre, Quel que soit le sujet il vous faut un papier, Afin de le décrire et d’être le premier, Un infâme ragot pour vous est bon à prendre.
Brandissant l’étendard de liberté de presse, Vous discourez de tout, de justice et de fesse, Ignorant du respect de ce qui est privé ; L’innocent est par vous traîné sur le pavé.
Pour grossir le tirage de votre journal, On vous voit à la « Une » étaler le scandale, Sans révéler la source, et aucune morale, D’immondes calomnies vous orchestrez le bal.
Si vous saviez combien vos erreurs vos outrances, Sont source de chagrin, de larmes, de souffrances, Combien est dangereux d’accabler l’innocence, Et de la justice troubler la transparence.
Prenez garde pourtant que de toujours vouloir, Vous repaître de tout ignorant tout devoir, Vous mettiez en péril la grande liberté, Pour qui vos « Grands Aînés » ont tellement lutté.
Craignez donc le retour du temps de la censure, Le temps où parler vrai était une aventure, Et que d’en abuser votre pouvoir d’enquêtes, Ne retombe à jamais au fond des oubliettes.