Je sais près de Verdun ou la plaine normande, D'immenses champs de blé qui ne se lèvent plus, Où sont venus tomber, malgré eux, sur commande, Par deux fois tant de gars qui n'avaient rien voulu.
Leur sang a pour toujours stérilisé les terres, Qu'il s'y dresse aujourd'hui que mille et mille croix, Rappelant qu'en ces lieux des maris et des pères, Ont été sacrifiés sur l'autel de vos lois.
Alors, lorsque j'entends cette voix maléfique, Ces discours fanfarons à l'accent meurtrier, Portés par tous les vents traversant l'atlantique, Mon cœur ne fait qu'un bond et se met à crier.
Ô ! vous messieurs les grands, vous, les jeteurs de bombes, Que n'avez-vous été parmi les orphelins, Dont les seuls souvenirs du père sont des tombes, Ne caressant jamais qu'une ombre de leurs mains.
Si vous aviez connu sur votre territoire, Vos villes écroulées et vos champs dévastés, Vous sauriez qu'on ne peut tirer beaucoup de gloire, D'être le pourvoyeur de tant d'atrocités.
S'il vous reprend l'envie de vouloir en découdre, Que jamais mon pays ne se trouve engagé, Ô France ! écoute-moi, que plus jamais la foudre, Ne tombe sur ton sol par deux fois ravagé.