Katrina.
Il était un pays qui, devant notre monde,
Étalait sa grandeur tel un grand vaniteux,
Imposant ses valeurs, bien sûr, bien plus profondes
Á toute la planète et pourquoi pas aux cieux.
Il avait envoyé des hommes sur la lune,
Rêvait de conquérir Mars ou bien Jupiter,
Il n’avait qu’un credo, celui de la fortune,
Et aurait prétendu le printemps en hiver.
Se croyant investit d’une mission divine,
Il avait engagé des combats meurtriers,
Oubliant que la guerre est lieu où s’assassine,
Autant son ennemi que son propre héritier.
Il est vrai qu’il n’avait que très peu d’existence,
Tout juste deux cent ans c’est bien jeunet encor,
Á cet âge on n’a pas la terrible expérience,
Que donnent tous ces ans éclaboussés de morts.
Il pavanait ainsi tout bouffi de richesses,
Tout du moins dans son nord au climat tempéré,
Oubliant de son sud les profondes faiblesses,
La rudesse des vents, la grande pauvreté.
Mais lorsqu’on est ainsi tout plein de suffisance,
Le destin quelquefois nous joue de vilains tours
En nous tirant soudain de notre somnolence,
Et de nos lendemains fait de très mauvais jours.
Or, il vint un cyclone appelé Katrina,
Qu’Éole fit jaillir avec forces et rages,
D’un déluge de pluie tout le sol inonda,
Faisant de la contrée de tristes paysages.
N’ayant rien vu venir dans sa grande insouciance
L’élite était perdue devant un tel cahot,
Une calamité d’une telle importance
Qui touchait, il est vrai, que de simples « nègros ».
On mit près de huit jours à prendre des mesures,
Le pouvoir hésitant à laisser constater
Qu’il était bien petit devant dame nature,
Que même à un géant il faut l’humilité.
Chambéry le 8 septembre 2005
Je rappelle que j’écris pour raconter mon temps.