Lorsque tu t’en vas seul, sur les plages bretonnes, Écoutant l’océan, lui volant ses secrets, Ou bien en surprenant les orgues de l’automne, Que font vibrer les vents aux cimes des bosquets.
Poète, qui va souvent au gré de la fortune, Témoigner de ton temps pour la postérité, Ou qui reste songeur sous les rayons de lune, Ouïssant de la mer le refrain murmuré.
Tu entends arrivant des plus lointains rivages Les échos de ces chants aux durs accents guerriers, Ou le son spasmodié qu’entonnaient les vieux sages, Au temps où les marins étaient aventuriers.
Poète où t’en vas-tu, du profond de ta chambre, Lorsque ton long voyage est fait de ton passé, Que tu vois arriver les neiges de décembre, Glissant sur le papier tes vieux mots enlacés.
Car çà fait bien longtemps que tu traînes ta bosse, Partant aux quatre vents écouter les humains, Sans jamais pour autant pouvoir rouler carrosse, Ni être jamais sûr d’avoir des lendemains.
Poète tu n’es qu’un maillon de cette chaîne, Que l’on dit commencée un jour avec Adam, Qui est faite d’amour, de rires et de peines, Qui nous prenant rêveurs fait de nous des errants.
La chaîne de la vie qui lentement s’écoule, Sans jamais s’écarter un jour de ton destin, Et qui en cette nuit dans ses voiles t’enroule, Pour t’emporter au loin vers de nouveaux matins.