Le ruban s’étirait sur cette plaine aride Au pas lent des chevaux marchant tête baissée, Le soleil envoyait telle une guêpe avide, Ses rayons sur les peaux par ces dards transpercées.
Soufflantes, suantes, les mules sans relâche Tiraient vers l’avenir que tous voulaient doré, De longs et lourds chariots coiffés de blanches bâches, Où les femmes berçaient des enfants éplorés.
Un troupeau les suivait, vaches, moutons et porcs, Et le tout avançait allant de fort en fort ; Comme les juifs quittant l’Egypte après Moïse, Ils cherchaient eux aussi une terre promise.
Venus de l’Italie, d’Ecosse ou bien d’Irlande, Ils espéraient trouver qui des champs qui de l’or, A demi-endormis sous leur large houppelande, Ils rêvaient de l’ouest aux fabuleux trésors.
Mais partis par millier combien sont morts en route, Sans jamais contempler les lieux tant espérés, Mourant dans la souffrance et remettant en doute L’existence d’un Dieu qu’ils avaient vénéré.