Le soir qui descendait sur la douce vallée Avait cette rougeur des veilles de victoire, Il était là, debout, prêt des juments scellées Contemplant l’horizon porteur de tant de gloire. Là-bas brillaient les feux des places ennemies, En suivant son regard on pouvait deviner, Les points où les assauts, demain, seraient donnés. Il rêvait éveillé sous la lune endormie.
Devant lui s’étalait un fabuleux tableau ; C’était là un piton et là une fermette, Ici un vert bosquet et là-bas une crête, Ou bien ce large étang stagnant près du hameau. Le petit Lieutenant devenu Général, Déplaçait un à un ses puissants bataillons, Imaginant déjà le grand élan final De la cavalerie, infernal tourbillon.
En lui se bousculaient des rêves de batailles, Vers lui montait déjà l’implorante clameur, Qui couvrant les canons et les bruits de mitrailles, S’échappe du poitrail du combattant qui meurt. Il savait que demain sur le pont, bondissant, Suivi par les clairons que la charge époumone, Le drapeau tricolore à la main, brandissant, Il ferait de nouveau vaciller les couronnes.
Soldat républicain enivré de grandeur, Porté par son destin, servi par sa valeur, De victoire en victoire érigeant l’avenir, Précédant le danger pour mieux le prévenir. Puis au pied d’un grand chêne il finit par s’asseoir, Etourdi par le flux d’un océan d’espoir ; Un nuage passa, étalant sa grisaille, Dessinant dans le ciel la Couronne impériale.