Réponse à deux benêts.
Un poète, un rêveur, qui écrivait pour lui,
Eu l'envie un beau jour, d'avoir avec autrui
Un partage d'idées. Il fit l'expérience
De dévoiler ses vers en toute confiance.
Pour ce faire il mandat des amis le secours,
Et tous répondirent sans le moindre détour,
Si bien qu'il eut ainsi, sans bourse déliée,
La joie de voir son œuvre en partie publiée.
Que nul ne fut surpris parmi son entourage,
Serait à vérité faire un très grand outrage ;
Le luron n'étant pas d'une franche gaieté,
De lui on ignorait la sensibilité.
Cependant ses lecteurs, surmontant leur surprise,
Dirent que ses écrits étaient de bonne mise,
Et tous de prodiguer des encouragements,
De vive voix ou par de petits mots charmants.
L'un d'eux fit même son éloge dans la presse.
"Non mais ! Qu'est-ce que c'est que cette maladresse ?"
Clamèrent d'un même cri deux fieffés censeurs,
"Oser hisser un Fat au rang des grands penseurs" ;
Car pour eux c'était clair, grande était l'évidence,
Notre homme était trop bête et son intelligence,
Ne lui permettait point de produire un seul vers.
"Poète, ce crétin, c'est le monde à l'envers!"
Nos critiques faisaient partie de cette engeance,
N'imaginant le monde qu'à sa ressemblance,
De ceux dont le QI loge dans leur chaussure,
Et dont la réflexion passe mal la ceinture,
Êtres dont la pensée n'atteint pas le niveau
Qui ferait s'ébaudir le moindre petit veau,
En un mot deux mulets qui sans une lecture,
Calomniaient, sans savoir, d'un autre l'écriture.
L'auteur apprit le fait et comme bien l'on pense,
D'une telle infamie ne tira jouissance.
L'envie lui vint alors de vouloir rectifier,
Et en une soirée, ces vers vous a dédiés ;
Estimant que réponse est dans ce cas permise,
Il vous fit compliment d'avoir tant de bêtise.
Et si la mise au point, Messieurs, vous indispose,
Répondez-moi en vers, trop facile est la prose.