La cloche a proclamé au Pays de Bretagne, Qu’un enfant est venu sauver l’Humanité, Et dans tous les salons, entre bûche et Champagne, Des chants ont célébré cette natalité. Mais le vent s’est levé, a soulevé les vagues, Emportant au lointain ce bonheur désuet, Seul face à l’océan hurlant et qui me nargue, Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
Là-bas sur un bateau roulé par la tempête, Marin tu perds ta vie à vouloir la gagner, Au Pays on s’amuse, on rit, on fait la fête, Ignorant la frayeur du pauvre marinier. Perdu au fond des creux, dérivant vers le large, Tu revois les copains des nuits de cabaret, Moi face à l’océan, debout sur le rivage, Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.
Mais la cloche s’est tue au Pays de Bretagne, A sonner le tocsin s’est éteinte sa voix, Ils ne sont pas rentrés de l’ultime campagne, De ce foutu métier c’est la terrible loi. L’enfant était venu pour recueillir leurs âmes, Et les porter au ciel dans un champ de bleuets, Seul face à l’océan plaignant enfants et femmes, Je reste cœur chagrin pleurant sur Camaret.