Il faisait gris, il faisait noir Dans ce Paris des temps mauvais, Je traînais sur un boulevard Vers quel but, nul ne le savait. Cette ville dite lumière, M’engloutissait dans son brouillard, J’avançais traînant par derrière Moi, la pesanteur du cafard.
Soudain de ce noir océan, Où les néons sont des lucioles, S’éleva, venu du néant, Comme un vieil air de carmagnole. Un saxo pleurait dans la nuit, Et son air courait sur la Seine, Emportant au milieu du bruit Sur ses ailes toute ma peine.
Un saxo pleurait et sa voix, Répétait d’écho en écho, Le triste chant remplit d’émoi, Du pauvre hère sans fricot. Perdu seul dans la grande ville, J’allais de métros en métros, Essayant de trouver asile, Ignoré par le populo.
Ici aussi si tu es seul, Sans boulot sans un sou en poche, T’auras la neige pour linceul, Après les pavés pour brioche. Un saxo pleurait dans le soir Des larmes qui brûlaient les yeux, Le blues des pauvres sans espoir La mélodie des miséreux.