Le ciel d’octobre enfin s’était bâché de plomb Masquant au large l’éclat de tout derniers rayons Qui éclairaient encore les eaux de la rivière Si lasse de d’écouler qu’elle se jette à la mer.
Le vent de l’océan soufflait sur le marais Délogeant les oiseaux blottis dans les herbiers Coulant d’entre les dunes dès la morte-saison Pour venir geindre alors jusqu’aux pas des maisons.
Qui se souvient du port où se prenaient les barques Pour monter à bord de ces navires de monarques Venus à vide depuis les chantiers de Rochefort Prendre les hommes, les armes et toutes voiles dehors ?
Les gens d’ici le savent, les mats ne sont pas de cocagne, Marins, paysans ou sauniers, l’estuaire se gagne, Les cœurs salés, durcis aux embruns de l’hiver. Les gens d’ici sont braves et leurs bras grands ouverts.
Entre fleuve et océan, Port des Barques fait front Et embrasse à la fois et le large et le fond, Marin resté à quai de peur de s’égarer Et ne pouvoir alors ici se retrouver ?
J’embarque à Port des Barques en marin immobile Affronter l’Océan et rejoindre des îles Me défaire des tourments qui agitent mon esprit Et reposer mon cœur quelque temps à l’abri.
Havre de douceur quand saisit la froidure Qu’il est bon d’y glisser au creux de l’embouchure Et là où tout se calme et la mer et les vents Y laver ses peines et reprendre son élan.