Si proche et pourtant si lointaine L’île dresse sa proue juste au-dessus des vagues Mouillant à l’ancre dans les eaux qui la bordent Prête à larguer les amarres au prochain coup de vent Pour ne pas qu’on l’aborde, Pour ne pas qu’on la prenne.
Coulée entre le ciel et les eaux du grand large Elle souffle à peine quelques écrans de brume Depuis la côte sauvage entre le But et les Corbeaux Et brise parfois quelques paquets d’écume Pour y cacher ses rêves marins De peur qu’ils disparaissent.
Par les chemins herbus qui courent dans la lande De moulins en hameaux, de ports en vieux fortins L’île s’est bâtie de vent, de granit et de sel Et du courage des hommes qui peu à peu ont su Mériter la confiance De leur île vendéenne.
Depuis les criques sableuses quand le temps est au beau Se révèlent des plages qu’on croirait tropicales Où les bleus et les verts se moirent au soleil Quand, à Ker Daniau, les vagues murmurent Des douceurs à l’oreille Pour ne pas nous faire fuir.
Ici pas de pont, l’île se gagne et se mérite Tributaire du vent, de la mer et des hommes À la force des bras ou du moins des moteurs Question de fierté, de courage et d’honneur On n’y vient pas sur un coup de tête On n’en sort pas dès qu’on le souhaite.
Dans les tourments de l’hiver l’île s’évapore Comme un bateau fantôme depuis le continent Seuls restés à son bord les vrais îliens respirent Serrés ensemble autour des cheminées qui fument Pour raconter, se retrouver En somme parler de l’île.
Dehors toutefois, de nuit comme de jour, Les phares de l’île surveillent tout alentour, Vigies de garde qui observent le large Pour prévenir les hommes et sonner l’alarme Si des dangers l’abordent, Que des mesures soient prises.
Navire au large de sa mère vendéenne Fille sauvage et têtue, sirène ensorcelante Tu nous berces de tes chants authentiques Pour mieux séduire encore et nous emprisonner Nous attacher à toi Si jamais on te mérite.