Le vieil homme à la moustache blanche Le visage pâle et terne Entre dans la pièce Il s’assied, il maugrée Son regard est triste, posé au bord du vide Le poids des ans l’essouffle Le poids de son gras l'affaiblit Il est fatigué, épuisé, ne peux plus lutter Veux se laisser aller, partir pour oublier Le bras appuyé sur la table, le corps penché en avant Blanchi par les décennies sans soleil Avachi, il pense Il rumine les bons souvenirs du passé Ils ne suffisent plus, ses couleurs ont disparu Un timbre de voix particulier interrompt sa morosité Le temps ralenti doucement Les aiguilles de l’horloge avancent lentement De plus en plus lentement L’aiguille des heures s’arrête Celle des minutes la suit Celle des secondes aussi
Le timbre de voix vibre à nouveau Tel un prisme sonore Il éclate la blancheur fade de l’existence En couleurs vives d’arc en ciel Le temps s’est arrêté Le vieil homme au teint pâle et à la moustache blanche Croise le regard du magicien qui parle Le temps reste immobile un long moment Le vieil homme au teint pâle et à la moustache blanche Observe fasciné Deux lèvres rouges bien dessinées Deux lèvres rouges qui sourient Les deux lèvres rouges qui délivrent le timbre de voix Formule alchimique Doucement, tout doucement Les aiguilles de l’horloge recommencent à bouger A l’envers Le futur devient absent Le passé devient présent L’homme au visage mate et à la moustache grise S’allège Le regard du magicien illumine le sien Le jeune homme au visage mate et imberbe S’élève Dans les yeux de l’enchanteur, les souvenirs sont matière L’enfant au visage lisse et à la peau dorée S’envole Deux iris noirs, perles vivantes et rares, observent Attendris Satisfaits Le nouveau né, blottit contre le sein maternel, tête Une goutte de lait, glisse sur sa joue Tombe sur le sol La blancheur du liquide éclate dans la pièce Le rire du magicien emplit l’espace Un arc en ciel inonde le lieu Illumine la scène Comme un fleuve infini