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Richard OBERRIEDER

Trente ans plus tôt et plus tard

Aujourd’hui, je viens de voir
Assis sur le banc de l’aubette
Un garçon et sa mignonnette
Accrochant ses bras en sautoir.

Il s’enivrait de la liqueur de ses lèvres,
Elle, assise sur ses genoux.
Le tableau avait un charme fou.
Je sentais monter leur fièvre.

Un souvenir de trente ans m’assaillit :
Toi et moi assis où ils étaient.
Les larmes jaillirent de mes yeux usés.
Hier, notre immortel amour a failli.

Aujourd’hui, je viens de voir
Assis sur le banc de l’aubette
Un vieillard et sa vieille bête.
Ils auraient pu être notre miroir.

Il s’agaçait des mots sur ses lèvres,
Elle lui cherchait des poux.
Le tableau avait un charme fou.
Je sentais continuer leur fièvre.

Un regret futur de trente ans m’assaillit :
Toi et moi assis où ils étaient.
Les larmes jaillirent de mes yeux usés.
Hier, notre immortel amour a failli.