J'ai ouvert le portail, puis gravi le chemin, Repoussant des deux bras les herbes envahissantes, Et le ciel si pesant de ce jour de Toussaint A teint mon âme en noir d'une peine éprouvante.
Les marches de l'escalier, veinées de moisissures, Dont personne depuis de funestes années N'a vigoureusement chassé les salissures, M'ont conduit tristement à la porte fermée.
Je me suis effondré tête contre la rampe, Quêtant des souvenirs devenus incertains, Mais je n'ai retrouvé, images vacillantes, Que d'horribles visions de trop sombres destins:
Ma Mère s'étiolait, puis elle a disparu, Injustement frappée, terrible maladie, Mon Père est mort fauché par un vil inconnu Qui fuyant lâchement lui a ôté la vie.
Les yeux clos, terrassé, je ne peux oublier Cet indicible manque, lancinante douleur Que matèlent les heures! Quelle est lourde à porter La si cruelle absence qui fait pleurer mon coeur.