En mes soleils couchants glissent des caravanes Et des roulottes bleues qui traversent le temps S'élance à leur passage une chanson tzigane Une folle czardas aux parfums d'Orient. De plaines en hameaux de faubourgs en villages Les saltimbanques vont où les porte le vent Sur un fil tissé d'or ils suivent les nuages Même si l'horizon les arrête un instant. Un vieux cirque ambulant a posé ses bagages Et planté son décor à deux pas des jardins S'attroupent en riant villageois de tous âges Autour d'un chapiteau orné de serpentins. Par quelque enchantement la piste s'illumine Fantasque la magie ouvre grand son rideau Lunaire un Pierrot blanc épouse Colombine Alors que les gradins s'animent de bravos. L'Auguste a du ciel gris et du blues plein la tête Il n'a qu'un seul amour et c'est Gelsomina Il croit l'entendre rire au fond de sa trompette Quand s'évade son âme au bout de la Strada. Artistes baladins sans gloire ni fortune Funambules jongleurs dont j'ignore le nom Vos habits de satin vos yeux fardés de lune Dans un coin de mon coeur ont gravé leurs sillons. J'aimerais un beau soir suivre les caravanes Et les roulottes bleues sur la route qui va M'envoler aux accents d'une chanson tzigane Puis rejoindre l'étoile où dort Gelsomina.