Elles vont à pas lents Les yeux noyés de brume, Le coeur gonflé d'écume, Vierges en noir et blanc. Leur vie n'est que sanglots, Leur vie n'est que misère, Depuis qu'Yvon et Pierre Dorment au fond des flots.
Dans le soir qui descend, Lugubre et monotone, Monte un glas qui résonne De Sein jusqu'à Ouessant. Par des chemins dormants Elles vont au calvaire, Disent un "Notre Père" Que la brise reprend. Et qu'importent ces gens Qui des yeux les escortent, Les bruits de toutes sortes, Elles oublient le temps.
A quoi bon ce printemps Jouant sur les ardoises Et sur la Mer d'Iroise, Ce soleil indécent. Maudit soit l'océan Qui a pris dans ses mailles Ceux qui livraient bataille Pour nourrir leurs enfants.
Elles vont à pas lents Et le vent qui les mène Va, colportant leur peine, De Sein jusqu'à Ouessant ...