Mon petit bois d'aubes premières Tu n'es que rêves infinis, Que palais d'ombre et de lumière Qu'enfant j'ai longuement bâtis. Chez toi les fées ont leur domaine, Par les nuits claires, m'a t'on dit, Leurs cheveux d'or autour des chênes Tracent des cercles interdits. En tes sentiers d'îles profondes, Tes miroirs d'eau mystérieux, Il est des pas vers l'Autre Monde Pour les poètes et les gueux. Mon bois secret, mon bois d'errances, Suspendu entre terre et ciel, Mes lèvres, malgré mon absence, Ont gardé le goût de ton miel. J'ai dans le creux de mes galoches Gravé un peu de tes sillons, Sous mon vieux pull qui s'effiloche Ton blanc muguet est en boutons. Quand j'aurai terminé ma course Auprès de toi je reviendrai Et rejoindrai près de la source La Dame aux yeux d'éternité.