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Rodrigue ISAMALEKI

Fleur enfumée

Fleur enfumée III

I

Les souffles indolents des alizés chargés
Reviennent à nos rives avec des rêveries bercées
Par nos espoirs et nos blessures les plus profondes.
Si ces soupirs célestes sont questions pour que tu répondes
Rappelle au Chargeur des vents qu’ils soufflent encore
Que dans le cœur qu’Il arpente les joies et les torts
Sont les sables fins qu’il traîne dans Sa divine promenade.
Si les joies terrestres à ta porte ont été des fées nomades
Que le Chargeur rappelait à Ses Pieds pour égayer l’esseulé
Dont les belles lames d’une femme ont si bien le cœur dépecé
Tu ajouteras à la harpe divine une corde de plus : ta triste
Les échos des voix de ton âme sont si bien brodés de faibles
Que ta vie il faille qu’elle bascule entre oubli et folie ;
Que tu trouves dans tous les extrêmes les forces de ton géni
Que les arabesques de ton art croisent quelques lignes impar
Qu’au soir de ta vie tu reposes enfin entre tes mains ta lou
Tu t’es voulu Dieu, tu as créé Adam, tu as été Adam
Pour ne rien dire à Eve qui sera subjuguée par le serpent.
Les temps auront passé et bientôt comme Jésus avec une croix
Tu devras quêter la pitié des hommes et chercher mirage-Golg
Dans l’espoir de te reposer pieds ballants et mains clouées
Le repos ne sera jamais hélas ta récompense. Comme Sisyphe
Tu rouleras vers le Chargeur la pierre de ta peine et les gr
Des fauves sur ta peau qu’en plus le froid des hommes a si b

II

Les souffles violents des typhons acharnés
Reviennent au bord de nos transes habillées
De je ne sais quel orgueil ou quelle témérité
Pour défier notre faiblesse avec expériences mal tassées.
A-t-on oublié qu’erreurs de jeunesse ont consolidé froideur
De vieillesse, alors qu’hier c’était perpétuelle frayeur :
Vieillir. Combien a-t-on voulu fuir et sortir de la cage
Au moment où nous courions derrière, tout gai, un mirage. ?

III

Les souffles des doux vents, de saints zéphyrs
Accostent les rivages divins de ce qui nous inspire.
Plume à la main, nous gravons sur le sable les derniers soup
De Dieu dans nos poumons. Nous coulons tel torrent avant de
De dire nos phrases au Divin Piédestal, avant que dans l’ob
Nous glanions les dernières graines dans le champ des joies
Il flotte dans l’air léger des choses que je tasserai bien d
Des soupirs d’hommes et des vagissements des poètes aux rime
Des courses ambitieuses butées aux écueils de la folie huma
Il n’y a que l’homme qui sache peser le poids de ses sueurs
Et dire qu’on s’est donné tant de mal à peindre la mer de no
Alors que nos couleurs ne se reflètent mieux que dans nos to
Que c’est dans l’âme humaine où se trouve notre image.
Ah qu’on la peigne et qu’on en fasse le caviardage !